11/11/2020

D'ordinaire, même la place publique de mon petit village natal s'anime à l'occasion des commémorations de l'Armistice de 1918. Ce matin, ici comme ailleurs en France, les élèves de l'école n'ont pas entonné La Marseillaise, leurs parents, ne laissant rien paraître de leur frustration de n'avoir pas pu profiter d'une grasse matinée à cause de cette putain de célébration, ne les ont pas accompagnés, les anciens ne sont pas venus assister, la main sur le coeur et les yeux humides, au massacre de l'hymne national par la relève. Ma course à travers rues et chemins semble avoir été le seul signe qu'une présence de vie hantait encore les lieux.

11h11. Je rentre à la maison pour trouver ma mère occupée à broder. Malgré le froid à l'extérieur, je suis dégoulinant de sueur. Je retire mes baskets crottées et les abandonne sur le tapis de l'entrée. Les couleurs chatoient à présent sur sa toile. Elle a bien avancé dans son ouvrage.

— Range tes chaussures ! Et ne fous pas de la terre pa... Aïe !!

Le cou tendu en direction de l'entrée, les yeux surveillant mes moindres mouvements pour s'assurer qu'aucune agression ne sera commise à l'encontre de son ménage, elle s'est piquée le doigt avec son aiguille. J'emmène mes chaussures dans la buanderie, les dépose avec précaution sur un paillasson, puis crie à ma mère au salon où elle inspecte son doigt :

— Je les laisse là à sécher ! Je les brosserai dehors demain, quand elles seront sèches ! Bon, je file à la douche avant de me prendre une torgnole si toutefois une goutte de sueur venait à tomber au sol.

*clic* Ma tête coupée par le haut du miroir. Mes cuisses coupées à mi-hauteur par le bas du miroir. Mon corps nu, brillant de sueur, les muscles toujours relativement contractés suite à l'effort physique. Un filtre renforçant la lumière modifie le jeu d'ombres sur mon ventre et trompe le regard. Snap envoyé à Sven.

Sven vous a envoyé un Snap. Avant même d'ouvrir la photo, le désir qui commençait à poindre en moi, me submerge. « 💦 » dit la légende. La caméra opère un gros plan sur son slip alors qu'il est allongé sur un lit. Les mouvements d'une protubérance sous le tissu agitent par intermittences l'élastique autour de sa taille. La bosse à l'origine des pulsations sur le point d'exploser et sortir de sa cachette.

*clic* La main qui tient le téléphone cherche visiblement à le protéger des éclaboussures et se trouve donc le plus haut possible au-dessus du sujet de la vidéo. L'eau qui sort du pommeau de douche dégouline sur mon corps et rencontre la main qui va et vient sur mon sexe dressé. La prise de vue en plongée fait que l'objet central de cette scène est un peu lointain. Malgré l'angle, les perspectives restent avantageuses et parfaitement lisibles. Snap envoyé à Sven.

Sven vous a envoyé un Snap. Le slip a disparu. Sa main caresse son sexe. Sans voir son visage, on peut entendre son souffle soudain coupé par un petit soupir de satisfaction lorsqu'il décalotte son gland.

*clic* Le liquide chaud qui sort de moi se marie à l'eau ruisselante avant de s'écouler dans les canalisations. Mon visage crispé par l'expression du plaisir. Snap envoyé à Sven.

Sven vous a envoyé un Snap. Les mêmes causes produisant les mêmes effets... Son pubis à son tour est luisant et collant.

« 🚿😏 » Message envoyé à Sven.

Je descends retrouver mes parents à l'heure du déjeuner. Sur le poste de télévision, les commentateurs du JT expliquent l'origine de la Tombe du Soldat inconnu. Les images montrent le Président de la République, un masque sur le visage, perpétuant la tradition sous l'Arc de Triomphe. Assisté par deux hommes, il dépose une énorme gerbe de fleurs devant la tombe avant de raviver la flamme (pourtant encore bien vive). Gros plan sur la longue gerbe tricolore. Dans mes pensées, mes soldats inconnus.

11/11/2020