15/11/2020

Pavel vous a envoyé une vidéo. Assis sur un tabouret derrière un piano droit, ses doigts jouent un air que je ne connais pas. Musique classique, haute et enjouée. La scène est filmée de profil ; j'imagine son téléphone, appareil photo en mode vidéo activé, posé sur un meuble perpendiculairement à l'instrument et au joueur. Il porte une chemise à carreaux rouges qu'il n'a pas rentrée dans son pantalon. Ce n'est pas dans ses habitudes et je sais que c'est dans l'intention de cacher un petit ventre pourtant adorable. Les quelques kilos pris récemment ne sont pas assumés, c'est quelque chose que je comprends et connais. Ses chaussures blanches immaculées frappent mon œil. Sur le pupitre, un iPad éclaire son visage qui suit la partition numérique. À l'occasion, ses yeux se ferment et la musique alors le possède. Son chat, la mine intriguée, les oreilles en avant, entre dans le champ de vision. D'un bond léger, une plume dans le vent, il rejoint Pavel sur le tabouret, se frotte à ses bras, fini par poser ses pattes antérieures sur la cuisse qui fait face à la caméra, puis du bout de la truffe cherche le visage de son maître comme pour y déposer un bisou esquimau. La vidéo s'arrête lorsque Pavel, empêché de jouer par les assauts répétés du minet, abandonne en faisant mine de rouspéter celui qu'il prend dans ses bras et sur la tête duquel il dépose un baiser.

Comme cela, je découvre que mon cœur n'est pas mort.

15/11/2020